mardi 27 octobre 2009

Antidote 7

zoom


Exactement comme les étoiles laissent filtrer la lumière qui est au-dessus d'elles, nous sommes constitués de points de passage par où passent les flux de cette réalité plus haute et intense qui nous a fait naître.

Les mots eux aussi sont des points d'ouverture vers ce domaine principiel. Cest pourquoi l'on n'est jamais assez circonspect dans leur choix puisqu'ils possèdent une force autonome et véhiculent des puissances - que cela soit pour le meilleur ou le pire.

Eden est sûr quand la bouche est pure.

Le langage est d'origine non-humaine. "Dieu" se cache, s'agite, danse, surfe au fond des mots : les trafiquer, les manipuler, c'est le fameux péché contre l'esprit. A la mort tous les mots prononcés au cours d'une vie défilent devant soi.

L'on n'est jamais assez hardi avec les mots, à bon escient bien entendu.
Celui-là deviendra rédempteur du hasard, roi en Eden, danseur d'étoiles tendre jusqu'à la moelle.
sans cesse à l'écoute
de monter voler soleil
coeur
point coeur
point de coeur
passant par le coeur
avec le temps
donc vous verrez ça
avec le temps
donc grâce au coeur du temps
eh oui
il faut simplement
finir par préférer le temps
à soi-même
par désirer le temps
pour lui-même
par le vouloir d'un coup
dans une grande respiration
hors du tout
par s'abandonner
par se répéter
par se vomir même
comme un obstacle
à la leçon du temps
qui sait tout
qui finit par révéler
tout dans les moindres recoins du problème



zoom

dimanche 25 octobre 2009

Antidote 6

Le principal trait de mon caractère : l'impatience

La qualité que je préfère chez un homme : humour, finesse, légèreté

La qualité que je préfère chez une femme : l'odeur

Ce que j'apprécie le plus chez des amis : leurs femmes

Mon principal défaut : croire que je n'en ai aucun

Mon occupation favorite : suivre du regard les oiseaux, humer les plantes et les fleurs, observez les nuées

Mon rêve de bonheur : disparaître vivant de l'autre côté des nuages comme le prophète Elie

Quel serait mon plus grand malheur : de perdre l'esprit

Ce que je voudrais être : groom au paradis

Le pays où je désirerais vivre : aux Iles Alléluia

La couleur que je préfère : or

La fleur que j'aime : la fleur de son coeur

L'oiseau que je préfère : celui qui est sans cage

Mes auteurs favoris en prose : Blaise Cendrars

Mes poètes préférés : Baudelaire, Isaï, Lao-Tseu

Mes héros dans la fiction : Julien Sorel, Lucien de Rubempré, Cheri-Bibi, Goupil, Guignol et Gnafon

Mes héroïnes favorites dans la fiction : Barbarella, Wonderwoman

Mes compositeurs préférés : les baroques, Satie, Strawinsky. Parfois Ravel et Richard Strauss (pas celui des valses) ; Lennon & McCartney - toujours Pink Floyd

Mes peintres favoris : Picasso, Picasso, Picasso

Mes héros dans la vie réelle : Bélibaste (dernier cathare brûlé sur le bûcher)

Mes noms favoris : Sophie, Claire

Ce que je déteste par-dessus tout : les lourdeurs pédantes, l'esprit de systématique cartésien, l'aveuglement pour la vérité des symboles

Personnages historiques que je méprise le plus : je ne méprise personne - cependant Philippe le Bel, l'évêque Cochon, Hitler et ses sbires, les Khmers rouges, Les Mau-Mau, les généraux massacreurs des peuples amérindiens, Brutus etc. ne font pas partie du cercle de mes intimes

Le fait militaire que j'admire le plus : David contre Goliath

Le don de la nature que je voudrais avoir : siffler comme les oiseaux

Comment j'aimerais mourir : avec toutes mes dents

Etat présent de mon esprit : cool

Fautes qui m'inspirent le plus d'indulgence : des fautes de frappe

Ma devise : bien faire, laissez braire

Saskia à la fenêtre croquée par son Rembrandt fou

Antidote 5

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C'est ainsi que nous voulons vivre


dans un temps dans une seconde


qui sans jamais cesser de s'écouler


se creuse toujours plus profonde





comme si l'éternité


se déployait sans fin


au coeur d'un moment


défilé d'un ailleurs innocent





le temps fixé qui s'amplifie à chaque instant


davantage de perspectives plus fortes encore


un voyage où tout bouge et rien ne change


magie paradoxale pour supervivants





atomes rénovés


particules réalisées


résonances immortelles


frénésie de voluptés


simplement éternelles





dieu nous a oints de son onction


il nous a scellé de son coeur


ce qui veut dire


en dehors de toutes les fois


une intervention


valant pour toutes les fois


il était une fois


et une fois


était la fois


d'une fois


qui sera une fois


dans la mesure d'une fois


qui dégage de là toute en une fois


une seule fois


maillon des fois


sautant une fois


parce qu'il n'a été qu'une fois


et il ne sera qu'une fois


il est non pas dans les fois


succédant aux fois


mais chaque fois intégralement


une fois plein coeur


fourré de la loi d'ailleurs


plein milieu


moyeu


point de feu


vendredi 23 octobre 2009

Antidote 4

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- Vendredi 23 octobre. Help ! Vous comptez encore longtemps maintenir ce rythme ?

- Tant que l'encrier ne s'est pas vidé, tant que plume ne s'est pas usée, tant que le papier ni le lecteur crient au secours, tant que le pc marche il n'y a pas de raison pour s'arrêter...

- Franchement, qu'est-ce que vous espérez obtenir ? Que croyez-vous que votre fantasmagorie vous apportera ?

- A moi rien mais je crois en l'effet multiplicateur. Deux trois quatre cinq étincelles suffisent pour allumer le feu, ou mieux, pour se faire lever dans les profondeurs, ce raz de marée de douceur, cette brise d'or du monde qui vient. Moi "j'agis" les symboles et y met mon corps et âme. Les résultats de cet "agir" ou "mise en oeuvre", conformément à la nature du symbole, tôt ou tard, se répercuteront harmonieusement et hierarchiquement dans tous les ordres d'existence. C'est la loi et elle est sans appel. Le Coran déclare : "Dieu veut que l'homme veuille". Il faut bien un point de départ précis sur le plancher des vaches. La poésie est la guerre.

- Mais pourquoi vous ?

- Nous, vous voulez dire ! Nous formons une génération charnière, le peuple des derniers hommes. Soit nous ouvrons tout de bon ce nouvel aeon soit nous sombrons corps et biens dans un ordre mondial sans perspectives, sans joie, livrés à la proximité de corps trafiqués, gâtés, clônés... et nous y sommes déjà.

Ecoutez !

le vin est en deuil

la vigne languit

tous les coeurs joyeux dépriment

la joie des tambours a cessé

le bruit des plaisirs est fini

le son des guitares a cessé

on ne boit plus de vin en chantant

les boissons fortes sont amères aux buveurs

la cité du néant est en ruines

l'entrée de chaque maison est fermée

on se lamente dans les rues

plus de vin

toute joie a disparu

du pays est bannie la joie

Cette déprime de l'homme postmoderne, post-vivant, que fatalement je porte en moi aussi me pousse malgré moi à agir ; c'est énorme, c'est exagéré, c'est idiot, c'est Don Quichotte, c'est trop comique - mais je sais que mon action ne peut pas ne pas porter ses fruits, je frappe moi aussi au carrefour des courants, ainsi est fait mon esprit.

Pour le reste, docile, bien élévé, dans les rails, je fais mon devoir, tout mon devoir, rien que mon devoir (et ce n'est là que la moitié de mon devoir), il y a le soleil, la pluie, le mistral, les mouettes, moineaux, tourterelles, crabes et lézards, l'odeur de résine des pinèdes surchauffées sur le rocher où je médite ; hirondelles au printemps - étourneaux en automne. D'ici l'Italie qui rit me sourit, de plus loin la Hollande bande les Flandres - cependant pour moi le centre du monde est ici, car là où je suis est le paradis comme le dit très bien Sollers.

Néanmoins aucune lueur au-dessus de l'horizon, mornes plaines d'endurance, de discipline et de concentration devant moi.

Bah, j'incline la tête - je dresse la tête et hume d'avance ce parfum bruissant d'or du monde qui vient, les vapeurs toxiques ne m'atteignent pas. Les journées vont et viennent.

les élus de l'unité

c'est la folie trois fois sublime

comment nous parvenons par similitude rayonnée

voici donc notre nouvelle cathédrale

une aération cervicale

un homme pressé

a relevé le défi

s'est mis à dérouler de nouveau

l'esprit de rythme en folie

tenant bon

obligé chaque jour de faire les petits gestes du jour

subir les respirations du jour

dans les jours sans espoir que les choses changent

s'arrangent

la porte s'ouvre à nouveau

et tourne et fait jouer les gonds

samedi 17 octobre 2009

Antidote 3

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Je ne suis pas un cadavre en puissance

sans fin me tient bonne faim d'être

de vivre nom de Dieu je fais ma chance

mort je te jette par la fenêtre



en rien tu ne m'entraves

pas même tu n'attaques ma chair

jamais je ne serai un de tes esclaves

de toi suis-je libre comme l'air



me fais céans futures présences

ensemenceur de célestes corps

pour que quand sonne l'échéance

j'intègre ma vie bâtie hors mort



ton espace je le dépasse

te ruiner est mon art

mon éclat te surclasse

éternel, tel je me prépare



et même si d'aventure, en agonie

tu me serres de trop près en tes mâchoires

de tes crocs tranquillement je me ris

construite d'avance je tiens ma victoire



je ne suis pas un cadavre en puissance

sans fin me tient bonne faim d'être

de vivre je fais ma chance

mort je te jette par la fenêtre



l'invisible enlevé vivant feu du vent

j'ai le droit dit dieu

de passer dans mon sang

à travers le sang

au point millimètre exact

car je sais moi

que mon défenseur est vivant

et que lui le dernier se lèvera

dans la poussière après mon éveil

il me dressera près de lui

et dans ma chair

je verrai dieu

celui que je verrai

sera pour moi

celui que mes yeux regarderont

ne sera pas un étranger

voix lumière écho des lumières

voix rouleau voix coeur des lumières

au milieu de la poussière

jeudi 15 octobre 2009

Antidote 2

- Psitt ! dites-moi, entre nous, vous n'y pensez pas sérieusement non à cet Eden ? Vous allez passer pour un illuminé !
- Oui mais voilà, si moi je n'y croyais pas, qui y croirait ? D'ailleurs je crains que votre idée d'Eden soit plutôt caricaturale, Eden n'est pas une contrée ici ou là-bas, Eden est un état d'être personnel, que l'on a intérêt à atteindre au plus vite. C'est une qualité d'âme que de savoir écouter le principe qui vous donne existence, il faut un minimum de courage, de libre liberté. Enlevez du mot illuminé sa charge péjoratif et vous y êtes. Saine folie réjouit. Mieux vaut une étincelle que toutes les ténèbres réunies.
- Mais le paradis n'est-il pas valable pour tout le monde ?
- Il vaut déjà pour ceux qui découvrent la puissance de son principe et s'y fient davantage qu'aux réflexes obscures. Eden est extrêmement contagieux ! Il provoque une réaction en chaîne, irrésistible celle-là, entraînant la moindre parcelle du créé en une farandole.
Qui pourrait encore arrêter cet élan ? Les plus gros moyens ne suffiront plus bientôt pour vivre, il faudrait faire preuve de supplément d'âme, une dynamique doucement explosive vers le haut selon les imperturbables lois du principe, bonté, justice, intelligence, douceur, providence, souplesse, vitesse, finesse, beauté, malice.
Une génération suffira, - que dis-je, une année, un mois, un jour, une fraction de seconde, le temps qu'il faut pour tourner le bouton de lumière. O oui, c'est certain, il faudra quitter ce vilain carcan cartésien, élargir notre horizon, notre idée de Dieu, l'idée de nous-mêmes.
- Vous êtes vraiment fou !
- Tant mieux ! Ce que vous appelez nonsens est pour moi de la plus haute importance ; l'univers, cet Eden offert sur un plateau, ne dépend sûrement pas exclusivement des lois mathématiques - la création est par principe plutôt verbe ardent, lumineuse folie, poésie qui nous coule, esprit, jusque dans les viscères.
La bonne formule est donc : verbe = symbole = esprit = connaissance = puissance à l'infini.
Or l'esprit (non pas la raison) vient directement de ce même principe qui chante en danse en chaque petit d'homme, que la personne le veuille ou pas, l'accepte ou pas.
Etre, être vraiment, jusqu'au bout et même au-delà, y compris les cicatrices, n'a rien à voir avec la logique cartésienne : le principe réellement actif, vivant et marrant trône au coeur, non pas au cerveau. C'est pourquoi un Eden universalisé de coeur à coeur, jusque dans les faits, n'est pas un vain rêve, c'est même plus que jamais à notre portée.
Qui est fou ici ? Votre perspective de nouvel ordre mondial ? Une fourmillière de domestiqués terrorisés, criminalisés, espionnés, figés, abusés, manipulés, ionisés, fluorisés, uranisés ?
Vous ne me faites pas rire.
Nous, nous inventerons la forme du paradis, joyeusement, crânement, tranquillement. Les répercussions seront illimitées car le principe lui-même est d'une souplesse infinie.
Sur ce, bien le bonsoir !
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mardi 13 octobre 2009

Antidote 1

Johanna Nooij-Jongerius
1919-1999



Marcellinus Sebastianus Maria Nooij
1952-1991


Auto-interview

- Qui je suis ?
- Français né néerlandais vivant à Marseille, époux, père de deux filles, grand-père.
- Que faites-vous ?
- Je fais des poèmes, je peins, des portraits surtout, comme par exemple ceux de ma mère et mon frère, je plonge dans la mer près du soleil ou saute dans le soleil près de la mer, nage avec les petits poissons, discute avec les oiseaux, écoute les arbres, range les commissions, cependant ne participe pas aux scrutins démocratiques, élections publiques, rescencements impudiques, pétitions politiques, ne vais pas au stade, ne possède ni carte de crédit, téléphone portable, ipod ni piercings, tatouages, scarifications ; suis assez épris de moi-même, très impatient, exigeant beaucoup. Faut pas me chercher noise.
Je ne regarde pas la télévision, sauf des films parfois. Musique tout le temps, je zappe entre Bach, Händel, Vivaldi, Jean-Philippe Rameau, Jean-Baptiste Lully et François Couperin, Marc-Antoine Carpentier, Jean-Marie Leclair l'Aîné, les maîtres de la Renaissance, les cantors du moyen âge, les sons de la Chine antique au Pavillon des Déesses en Fleurs, les ryhmes et les mélopées des hauts plateaux de l'Ethiopie.
Ni trop gros ni trop maigre, ni trop grand ni trop petit, une tâche ici, une verrue là et des cheveux qui grisonnent.
Par fidélité à mon nom j'ai voulu tout au long de ma vie construire une arche, une cathédrale, car je suis né après la Deuxième Guerre mondiale avec ses odeurs de mort et d'horreur sur mes talons encore - j'ai hérité de cette témérité poétique du père de ma mère dont je porte le nom.
Je suis issu d'une bonne famille ; ma mère et mon frère Marcel (terrasseur rieur de dragons lui aussi) sont déjà partis au paradis où ils préparent je l'espère une petite place pour moi aussi.

D'autres questions ?
- Pas pour le moment. Je vous remercie pour ces informations.
- You are welcome, so far.

se mettre au coeur du baptème
comme un livre ouvert enfin
et que tout soit rassemblé en un seul jaillissement
et qu'ainsi la lourde et souffrante
horrible et terrible histoire humaine
soit immergée
dans une légèreté souterraine